APS: Un nouveau dans la cour d’école

Créés par Vincent Peillon pour prévenir les violences scolaires, ces nouveaux agents Assistant de prévention et de sécurité (APS) font leurs grands débuts.

Médiateur, flic ou vigile : les APS n’échappent pas aux représentations et aux rumeurs depuis l’annonce du ministre. Répartis depuis le 1er octobre dans des établissements jugés sensibles, ils s’attardent à dissiper le flou sur leurs missions. Et soignent leur image tant le mot « sécurité » peut faire peur dans le milieu scolaire.

Ni un surveillant, ni un CPE

Du haut de son 1,60m, Danielle Seba ne correspond pas trop au profil du policier. « C’est une image qu’il peut y avoir au départ. Mais ce n’est pas du tout ce que l’on va chercher à faire et ce qu’on nous apprend en formation. Si je joue au flic, c’est cuit », analyse-t-elle, forte de son expérience associative dans la lutte contre les violences conjugales.

Pas flic donc. Mais l’intitulé de sa profession laisse peut laisser sceptique. « Ce poste était-il vraiment indispensable ? On aurait pu recruter plus de Conseiller principaux d’éducation (CPE), renforcer la vie scolaire, mettre des assistantes sociales à temps plein », critique François Martin, du Syndicat national des enseignants du second degré (Snes). Danielle Seba balaye l’argument et précise sa mission : « Concrètement, cela signifie prendre le temps d’écouter les élèves quand les profs ou les CPE ne l’ont pas ». Elle n’aura aucun rôle répressif : les punitions restent l’apanage de la direction. Pas question non plus de noter les retards, comme un surveillant.

« Un rôle d’intermédiaire »

Avec l’aide aux élèves comme dogme, l’APS est conçu comme un métier spécifique, au carrefour de tous les postes. « C’est un rôle d’intermédiaire entre la direction, la vie scolaire et les jeunes », se réjouit Mireille Dahinger, la proviseure du lycée Arthur Rimbaud. Placé à côté du quartier des Doucettes, l’établissement comporte 600 élèves, dont 66% sont issus d’un milieu social défavorisé. S’il connaît  moins de violences depuis deux ans, les tensions perdurent.Danielle Seba fera remonter à chaque adulte concerné les problèmes potentiels pour les résoudre avant un point de non-retour. Le lycéen rencontré à midi sera par exemple redirigé auprès de l’assistante sociale. Tous les comportements seront analysés. Insultes, bagarres, harcèlements. Et aussi les situations d’isolement, les questions de sexualité et les crises familiales. Pas forcément facile de couvrir d’entrée des aspects aussi lourds pour les 500 APS recrutés à travers la France, à un niveau minimum de bac+2, et payés au Smic.

En formation jusqu’à début décembre

Une formation est organisée deux jours hebdomadaire jusqu’à début décembre. Avec un programme varié. Plus tôt dans la semaine, Danielle Seba a pu rencontrer le pédopsychiatre Philippe Jeammet et participer à des jeux de rôle. Les APS ont par exemple simulé une scène : deux élèves sont surpris en train de fumer un joint. Comment réagir ? La formation aide à dessiner une méthode. « La première étape est d’observer », explique la diplômée de victimologie avec un large sourire. Elle note tout dans son carnet de bord, puis recoupe avec les fiches sur la médiation reçues en formation.

 

« Pas le même rapport de domination qui existe avec un prof »

Pour recevoir les lycéens, Danielle Seba a installé son bureau au foyer des élèves, tout près du baby-foot. Un lieu soigneusement choisi, afin de montrer qu’elle n’appartient pas à la direction. « Les élèves peuvent m’aborder aisément. Même s’il faut garder de la distance, il n’y a pas le rapport de domination qui existe avec un prof. »

A plus long terme dans l’année, elle souhaite mettre en place des ateliers. Comme l’art-thérapie par exemple. Pour que les élèves évacuent leurs frustrations par la peinture. Elle va travailler avec les associations du quartier, qu’il faudra aussi convaincre de collaborer.

L’APS estime que « cela serait plus facile si on enlevait le mot ‘sécurité’. Au final, ‘assistant de prévention’, c’est plus logique. »

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