Guide INERIS de l’ingénierie des facteurs organisationnels et humains (FOH)

Pour maîtriser les risques industriels, les entreprises ont développé depuis de nombreuses années des mesures centrées sur l’amélioration continue de la fiabilité des installations et la mise en place de systèmes de gestion de la sécurité.

Les facteurs organisationnels et humains (FOH) sont aujourd’hui devenus la cause principale des accidents industriels.

Leur prise en compte dans la maîtrise des risques majeurs se heurte cependant à des obstacles qu’il s’agit de comprendre et de surmonter.

Nombre d’entreprises ont, depuis longtemps, développé des mesures en vue de maîtriser leurs risques industriels. Ces mesures, qui s’appuient sur l’amélioration continue de la fiabilité des installations et la mise en place de systèmes de gestion de la sécurité, ont permis des progrès incontestables. Mais les performances en sécurité semblent atteindre actuellement un palier qui nécessite, pour être franchi, de mieux prendre en compte les FOH.

Les bilans d’accidentologie révèlent en effet que les FOH sont devenus la cause principale des accidents dans la France industrielle d’aujourd’hui. L’expérience montre qu’il subsiste, même dans les entreprises ou organisations de très haut niveau de sécurité (aéronautique, nucléaire, défense, hôpitaux…), des diffi cultés ou des ambiguïtés quant à la perception des risques et à la mobilisation des personnes (ou des groupes) pour y faire face. En cause : la focalisation sur des processus connexes à la sécurité (qualité, gestion), les modes de management, la complexité grandissante des organisations, une trop grande confiance dans les systèmes en place, la sous-estimation de la gravité d’une menace ou d’une conjonction de menaces…

Prendre en compte le facteur humain demande des connaissances en psychologie (cognitive surtout) et en ergonomie afin de définir l’environnement de travail propice à une bonne gestion des risques. Prendre en compte le facteur organisationnel implique de son côté de s’y entendre en sociologie des organisations afin de mieux structurer les relations entre les services, les jeux de pouvoir, les modes de communication, et permettre ainsi d’optimiser les processus de décision. La maîtrise des FOH est complémentaire de celles de l’ingénierie et de la gestion, l’objectif étant d’améliorer la sûreté du système “socio-technique” dans son ensemble.

La mise en œuvre en entreprise d’un processus d’évaluation des risques intégrant le facteur organisationnel et humain se heurte cependant à plusieurs obstacles. Tout d’abord, contrairement au domaine technique, il existe encore peu d’outils et d’approches formalisées susceptibles de favoriser une vision intégrée de la sécurité tenant compte des FOH.

Ensuite, ces approches, quand elles existent, se focalisent souvent sur le comportement des opérateurs, l’erreur humaine et le respect des procédures, ce qui limite la perception de facteurs structurels pourtant essentiels.

Enfin, les rôles de l’homme et de l’organisation sont ambivalents. Source indéniable d’erreurs (errare humanum est…), l’homme est aussi un acteur crucial pour récupérer et compenser des incidents ou des défaillances.

De même, les organisations, construites pour limiter les risques, recèlent un grand nombre de dangers inhérents à leur fonctionnement, qu’il convient donc de comprendre et d’analyser.

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