La santé au travail – Comprendre où en est la recherche

Notre dernier numéro : Cahier de la recherche n°19 : « La santé au travail »- Comprendre où en est la recherche (PDF) 

La santé au travail – Comprendre où en est la recherche

Au cours de ces deux dernières années, l’épidémie de Covid-19 a redessiné nos modes de vie, transformant le  milieu et l’organisation du travail. Elle a mis de facto les questions de santé publique au cœur des  préoccupations, encourageant une approche partagée de la santé : une seule santé (« One Health »)  recouvrant la santé humaine, animale, végétale et environnementale.

Ainsi, le 4ème plan santé au travail (2021-2025) converge avec les orientations du 4ème plan national santé environnement (PNSE) « rappelant que l’environnement et le milieu de vie sont des déterminants de l’état de santé des individus »[1]. De fait, il repose sur l’idée que les travailleurs sont concernés par des risques ou des pathologies, qui relèvent de multiples facteurs à l’interface de la santé au travail, santé publique et environnementale. S’appuyant sur le concept d’exposome, qui intègre sur la vie entière l’ensemble des expositions (physiques, chimiques, biologiques, sociales…) qui peuvent influencer la santé humaine, il préconise une meilleure compréhension des enjeux communs.

Cette compréhension passe par une meilleure connaissance des expositions aux risques professionnels, mais aussi des expositions relevant de la sphère publique ou privée. Elle rend plus que jamais nécessaire le développement de passerelles (ou une coordination renforcée) entre médecine de ville et de travail. Précisément, la santé et la sécurité au travail constituent un axe majeur d’activité pour l’Agence qui contribue, depuis sa création, à l’amélioration des connaissances sur les risques professionnels en appui aux politiques publiques. Suite aux travaux de recherche[2] et d’expertise[3] sur les fibres d’amiante, elle a favorisé non seulement la réforme du dispositif de « cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante », mais  a fourni aussi des recommandations pour l’élaboration du Décret No 2012-639 portant sur l’obligation des repérages de l’amiante avant travaux.

Outre le cas emblématique de l’amiante, le risque chimique figure dans le PST 4 parmi les risques « considérés comme prioritaires »[4]. Pour réduire ses effets négatifs sur la santé des personnes, l’Anses s’est mobilisée d’une part sur l’évaluation du risque chimique (dans le cadre, par exemple, de situations spécifiques : travailleurs agricoles, égoutiers, professionnels du soin et de la décoration des ongles…) et d’autre part, sur la substitution des produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) par des substances moins nocives. Or, les cancers professionnels apparaissent souvent de manière différée, bien après le départ à la retraite. Il reste difficile, voire délicat, de les mettre en relation avec une substance (ou un produit) ou une activité professionnelle passée : d’où une sous-reconnaissance des maladies professionnelles.

La connaissance des expositions et des effets doit se développer d’autant plus que les facteurs de risques peuvent coexister et leurs effets se combiner (polyexposition). Tandis que la nature des facteurs de risques professionnels est en évolution permanente (technologies émergentes, nouvelles formes d’organisation du travail…), l’Anses encourage la recherche en pilotant chaque année le programme national de recherche environnement-santé-travail (PNR EST) avec le soutien financier des ministères en charge du travail et de l’environnement pour « construire un avenir du travail meilleur »[5].

Roger GENET, Directeur général, Anses

 

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